JEAN-JACQUES RAYBAUD : Le Sel de Cayenne

DÉDICACE
A mon chien, Fiu, à mon ami, chien blanc de Guyane, toi qui ne savais qu’écouter sans pouvoir répondre, toi qui a mis dans mes veines le délicieux poison de la liberté.
Rabat - 1970

PRÉAMBULE
Le napalm et les super-défoliants utilisés au Vietnam, s’ils étaient employés pour « défricher » le bassin amazonien, permettraient après destruction quasi-totale de la forêt équatoriale, l’exploitation de centaines de milliers de kilomètres carrés de terre ainsi devenues… « arables ».
Il suffirait aussi de deux bombes nucléaires de faible intensité pour détourner les courants perturbateurs créés en mer par l’Orénoque et l’Amazone, et modifier du même coup la géographie (et par la même la flore et la faune) sous-marine des trois Guyanes. Ce « remodelage » sub-aquatique devrait donner un essor jamais vu à la pêche industrielle dans ces régions.
Les conséquences (prévisibles et imprévisibles) de tels bouleversements du milieu naturel seraient-elles totalement compensées par la « mise en valeur » du sol ou des eaux ainsi malmenés ?
Je ne suis pas (hélas) un spécialiste de ces questions et il serait bien présomptueux de ma part de prétendre y donner des réponses. Seuls, un peu de bon sens et une petite expérience personnelle, vécue en diverses parties du monde, m’incitent à joindre ma voix au chœur de celles qui, chaque jour plus nombreuses, crient « casse coup » à une civilisation grisée par les possibilités fantastiques que lui offrent des connaissances trop fraîchement acquises.
J’ai la faiblesse de croire que ce n’est pas par la destruction, mais bien par la connaissance, que l’homme parviendra à dominer la Nature et à résoudre dès lors l’angoissant problème posé par une démographie galopante. Un bon dresseur ne brutalise jamais un fauve, car il sait que seule la compréhension de l’animal lui permettra de dominer, avec un minimum de risques, le lion ou le tigre qui, pourtant, pourraient, d’un seul coup de patte, imposer sa propre loi d’une manière…définitive !
Savants ou dompteurs, coureurs de brousse ou employés de bureau, industriels ou agriculteurs, il nous incombe à tous de respecter celle dont nous sommes issus et qui, malgré nos frasques d’enfants terribles, continue à nous nourrir, à nous réchauffer, et aussi à nous donner quelquefois de sévères leçons que nous avons (malheureusement) beaucoup trop tendance à oublier.
Que ces quelques lignes ne prêtent pas à confusion quant au contenu de ce livre. J’ai dès à présent fini d’enfoncer les quelques portes récemment ouvertes sur le problème de la pollution, et il n’est pas dans mes intentions de prêcher une nouvelle philosophie du « bon sauvage », ni de sombrer dans un « naturalisme-antthropomorphique-vichy-fraise » passé de mode.
Dans ce livre, vous ne trouverez pas de dissertation sur les derniers amérindiens ni sur le bagne, ce bagne qui a tant contribué à discréditer la Guyane et dont on parle tant aujourd’hui ; vous n’y lirez pas davantage d’études économiques sur le département et il n’y sera pas non plus question de politique intérieure.
Bien au contraire, mon propos et d’essayer de retracer en quelques anecdotes l’expérience vécue pendant deux ans par un « citadin » brutalement transplanté au sein d’une nature dite « sauvage », et surtout de démontrer que le progrès technique n’est pas incompatible avec le respect pour un environnement naturel et vierge.
SGDL 1999.07.0347
Avec la voix de Viviane

Extrait du Préambule

Arrivée en Guyane

Extrait des Chapitres 19

Les Vampires