ANDREE RAYBAUD : Le Pendu

On naît innocent mais on meurt toujours coupable!...

Il se balançait mollement au gibet qui accueillait par grappes aussi bien les coupables que les innocents tombés en disgrâce. L'oscillation de son corps marquait la rotation de la terre et les grincements de la potence lui disaient : l’éternité t’appartient.

Être, n’être plus…

……………Le froid mordait ses chairs, pourtant il ne frissonnait pas, et cette mort à laquelle il se refusait, dans une étreinte passionnée extirpait de chacune de ses cellules la vie fugace qui encore résistait. Il n’était plus. Ce qu’avait été sa vie n’avait désormais plus d’importance……………

Hantée par les âmes, vivante, la colline vibrait des lamentations, des souffrances, des râles des suppliciés.

……………Triomphant, dans toute sa gloire expiatoire, dominateur, inquisiteur, Montfaucon exhibait ses moignons. Droits comme ifs, enracinés dans la terre grasse enrichie par les sucs de ses hôtes, ses membres puissants dressés étaient le trait d'union entre le ciel et la terre, le mal et le bien, et ses pensionna ires, exhalaient dans leur dernier soupir leur âme torturée ;leur espoir : qu'elles trouvent dans l'azur le chemin de la rédemption même s’ils n’avaient pu leur offrir des indulgences.

Et, quand le vent glacé des hivers qui n'en finissaient pas d'étouffer les plaintes des mourants, fendait à cœur ses membres, Montfaucon, savait qu'au printemps de jeunes bras vigoureux viendraient remplacer ses vieilles potences. Et qu’à nouveau ses ramures bourgeonneraient ……………





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