ANDREE RAYBAUD : C'est chat et... Ca ne sait pas !
Comédie policière
En trois actes
3 tableaux
Marc ... Écrivain - la quarantaine
Nicole ... sa femme - la trentaine
Adrienne Chevalier ... la mère de Marc - septuagénaire
Paul Renaud ... l'ami d'enfance de Nicoles - la trentaine
Martine Vanelle ... La secrétaire - 20-25 ans
George Lafont ... Détective - la quarantaine
Docteur Stevens ... Le vétérinaire
Valentine ... La bonne - la cinquantaine
ACTE I
( Un matin d'été dans la maison de campagne de l'écrivain Marc Chevalier. Le début de l'action se situe aux alentours de 7 heures du matin. Marc et sa femme, Nicole, prennent leur petit-déjeuner)
NICOLE
Marc… as-tu vu Isis ?… Je l'ai cherchée dans toute la maison
MARC
Elle est sans doute dans le jardin
NICOLE
C'est possible… Mais elle a ses habitudes… elle est toujours là quand nous déjeunons… et tu sais bien que les caresses du matin font partie du rituel… tu râles assez quand sa queue trempe dans ta tasse.
MARC
Et bien pour une fois ne réveille pas la chat endormi et déjeunons tranquille
NICOLE
Oh ! toi… bien sur rien ne te trouble, appelle-la… elle sera plus sensible à ta voix.
MARC sans conviction
Isis… Isis…
NICOLE agacée
Sur ce ton, elle ne risque pas de venir…
MARC fort et clair
Isis !
Alors que Marc beurre ses tartines…
NICOLE
Tu vois bien !… elle ne répond pas. Voyons si l’appel de la soupe à plus de succès. Isis… Soupe …Soupe… Soupe…j’avais raison, elle ne vient pas !
MARC
Laisse lui le temps !... As-tu fini de t’agiter, je voudrais que nous prenions ce déjeuner en tête à tête, avant que ma mère ne descende. Et que Paul ne nous tombe dessus !...
NICOLE
Comme tu voudras, après tout c’est plus ta chatte que la mienne.
MARC
Raison de plus pour lui laisser vivre sa vie parmi les capucines et les papillons. Si je pouvais en dire autant.
NICOLE
Qu’entends-tu par là, dois-je me sentir concernée ? T’empêcherais-je de vivre ?... je n’aime pas ces sous-entendus.
MARC
Mais quels sous-entendus… je vais avoir une dure journée aujourd’hui… jamais je n’aurais dû accepter ce contrat… tu sais combien j’ai horreur d’avoir un fil à la patte… l’éditeur ne cesse de m’appeler il veut le manuscrit pour la rentrée… deux jours de frappe à rattraper et un total manque d’inspiration… … Et Paul… alors tu comprendras que je n’ai pas envie de polémiquer.
NICOLE
Bien… bien ! Tu t’es levé du pied gauche… Entre ta mère et toi qui es de mauvais poil… la journée s’annonce difficile. Et puis, que veux-tu dire par ce … et Paul… plein de sous-entendus ?...
MARC
Oublie ma mère… quinze jours à la supporter, alors n’en rajoute pas…
NICOLE
C’est toi qui l’a fait venir… je l’admets sur son insistance… mais il te suffisait de lui dire non !
MARC
Quant à Paul son acharnement à ne rien faire quand moi je bosse !… N’avait-il pas dit qu’il se chargerait de dégripper le moteur du bateau ?…
NICOLE
Je te signale qu’il est en vacance…lui !... et que nous nous ennuyons ferme dans ta maison de campagne… -d’un geste large désignant le jardin- Comment as-tu pu imaginer que des parisiens pourraient s’habituer à ça !
MARC
Il me semble, ma chère, que nous étions d’accord pour acheter cette résidence secondaire… Reconnais que s’il y a des contraintes, narquois elles sont largement compensées par le bon air… la tranquillité… le chant des oiseaux et puis tu m’as tout à toi… cela devrait suffire à ton bonheur !
NICOLE
Je ne sais pas, mais j’ai la désagréable impression que tu te moques de moi !
MARC
Si peu… Peux-tu me dire où vous allez tous les deux pendant des heures chaque matin, et tous les après midi ?
NICOLE
Alors toi et ta mauvaise foi. Si tu n’avais pas acheté cette maison en pleine campagne nous ne serions pas obligés de faire 30 bornes pour aller chercher le pain. on ne peut même pas prendre les vélos au risque de se rompre les os, il faut y aller en 4x4, c’est économique et… polluant !
MARC
Tu t’intéresses à la pollution ?... C’est nouveau !
NICOLE
Parfaitement je m’y intéresse et ne détourne pas la conversation… je disais donc… si nous n’allions pas faire les courses tous les jours, tu n’aurais pas de légumes frais !...
MARC
Tu pourrais trouver autre chose !... Ton manque d’imagination m’étonne !... Parce que les légumes frais… permets moi de te dire que dans le bac du réfrigérateur!... ils peuvent le rester deux où trois jours.
NICOLE
Quand bien même… quant aux après midi, à quoi veux-tu que nous les occupions si ce n’est à aller à la plage, car après le café, les discutions… les potins glanés à la station... une partie de scrabble… mettre son nez dans un bouquin... faire la sieste… écrire aux amis… pardon aux relations… faire un gros câlin quand tu ne me préfères pas ta machine… et j’en oublie !... Que reste-il ?... La plage !... ne compte pas sur moi pour désherber le jardin, et siphonner la mare aux grenouilles qui entre parenthèse se sont tirées !… Je les comprends, elles devaient passablement s’y ennuyer !... Non vraiment, Je ne peux ni ne veux infliger ça à un ami fut-il d’enfance.
MARC
Tu as fini ?
NICOLE
Non !
MARC
Alors… j’attends la suite… méfie toi tout de même de ne pas aller trop loin.
NICOLE
Trop loin !... Tu en as de bonnes !... si nous n’étions pas si isolés nos amis viendraient nous voir, et nous passerions des moments délicieux…
MARC
Et bien tu vois où sont nos vrais amis ?... Beaucoup de pique-assiettes… Nos vrais amis nous les comptons sur les doigts d’une main !...
NICOLE
Tu as peut-être raison… mais il n’empêche que ça manque de distractions… On ne peut tout de même pas écouter l’herbe pousser, ni tes plants de tomates qui entre parenthèse ne donneront jamais de fruits…. Tu n’as pas vu la tête que faisait le jardinier … et rester béat devant tout ce qui bouge et colonise la maison !… tu sais combien je déteste les insectes et ici il y en a partout ! Et le bouquet… c’est d’avoir fait venir ta mère.
MARC
Je ne vois pas le rapport...
(entre Valentine catastrophée )